Merci de vous présenter en quelques mots ?
Je suis Sophie Chavigneau, jeune plumassière diplômée et passionnée par mon art. Également attirée par d’autres métiers d’art, je suis actuellement en BMA Broderie d’art, et j’ai déjà une solide formation de couturière.
Je suis jeune, certes j’ai 19 ans, mais je suis tombée dans la plume étant petite, comme Obélix est tombée dans la potion magique, j’ai su que ça allait devenir mon métier, ma passion, dès l’âge de 9 ans. Depuis je me suis exercée, j’ai développé mes propres techniques et plus tard, j’ai pu intégrer de belles maisons de haute couture et de spectacle parisiennes telles que Chanel et le Moulin Rouge.
Présentez-nous votre métier ?
Le métier de plumassier(e) dans l’inconscient collectif c’est faire des costumes pour les cabarets. C’est bien plus que ça : on travaille dans la haute couture, le spectacle vivant au sens large (cirque, cinéma, théâtre, revues), le design et l’ameublement, et la décoration d’intérieur. Il peut aussi y avoir de la restauration d’objets anciens pour des musées ou des châteaux comme celui de Versailles.
Quel est votre parcours professionnel? Et que vous apporte votre métier dans votre vie?
Ma vision du métier est globale : avant d’arriver à Paris, j’avais même mon propre élevage de volailles et de faisans, je gérai les reproductions des oiseaux, l’éclosion des oeufs, la croissance des petits. Je souhaite désormais travailler avec des élevages qui ont la même vision des choses que moi, alliant respect et bien être de l’animal avec une proximité de territoire.
Mon métier dans ma vie c’est tout, je rêve de plumes, il m’anime au quotidien. Je ne peux passer plusieurs jours sans toucher ma matière de prédilection. Mes mains ont besoin de ce contact.
Quelles sont vos spécialités ?
J’utilise le plus souvent possible des plumes de mue. La traçabilité des plumes est très importante, cela permet de justifier de bonnes pratiques.
Je travaille également avec les plumes issues de l’industrie alimentaire, là aussi en lien avec des éleveurs garants d’une certaine qualité de vie de leurs animaux. Une fois les plumes récoltées, le travail ne fait que commencer, il faut les traiter, les désinfecter, les trier et les stocker. Viens le processus de teinture, et là aussi je me fais une point d’honneur à travailler sans rejet toxique avec des teintures écologiques issues de plantes tinctoriales.
Donc oui ça demande beaucoup de temps, on est loin des plumes qui viennent de l’autre bout de la terre, je souhaite m’inscrire dans un courant « slow fashion » plus respectueux à la fois des animaux et de notre planète.
Quels sont vos projets à court ou moyen terme ?
Je viens juste de créer ma petite structure, donc les projets sont encore à mettre en place. Il y a dans l’immédiat une participation aux JEMA 2025 qui compte énormément pour moi, car c’est par des JEMA que j’ai connu un plumassier qui a su me donner le goût de ce métier. J’espère moi aussi avoir la chance de transmettre cette passion à d’autres.
Ce métier est rare et il souffre comme tous les métiers manuels d’une méconnaissance et d’une relégation et d’un dénigrement dans le système scolaire. J’ai dû y faire face dans mes années de collège, où il a fallu imposer le cursus que je souhaitais faire et refuser les études générales qui m’étaient proposées, j’étais « trop bonne élève » pour partir sur une filière professionnelle ! Pour moi c’est quelque chose que je ne comprends pas et je dois dire que c’est un de mes combats au quotidien. Ce serait même un objectif de carrière de pouvoir faire reconnaître l’excellence de ces parcours dans les métiers d’art dès le collège.
Comment je vois mon avenir : travailler avec des designers et collaborer avec d’autres artisans d’art pour emmener la plume dans les intérieurs et faire en sorte que la démarche écologique soit reconnue et pérennisée.
Un conseil à donner à quelqu’un qui voudrait faire votre métier ?
Un seul mot pour un ou une futur(e) plumassier(e) : persévérance !
Un mot pour définir le service artisandart.fr, des pistes d’améliorations…?
En ce qui concerne votre site, j’ai été très surprise de voir qu’il existait un endroit référençant les artisans d’art autre que l’INMA. Il a suscité ma curiosité, et je me suis inscrite.
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